«L'expérience de paix européenne peut-elle s'appliquer au Liban en crise?»

Ouvert au public dans un bar de la capitale libanaise, le Time Out, le café politique, le premier du genre, permet aux participants de venir débattre autour d'un verre. Une soixantaine de personnes ont pris part à cet événement, dont des étudiants de l'institut des sciences politiques, situé près du café, qui venaient de terminer un exercice de session parlementaire fictive.

Après un rappel historique des fondements de la construction européenne par le chef de la délégation, Patrick Laurent, deux intervenants libanais ont analysé les solutions que le Liban pourrait mettre en œuvre pour sortir du blocage actuel.

«Pour s'inspirer de l'expérience de paix, il semble essentiel de réfléchir à une solidarité économique entre Libanais», a souligné le chef de la délégation à la fin de son intervention, avant de lancer le débat avec la salle.

Fadia Kiwan, directrice de l'Institut des sciences politiques de l'Université St-Jospeh, et Karam Karam, politologue et directeur de programmes au Lebanese Center for Policy Studies, ont tout deux estimé que si le Liban pouvait s'inspirer de l'Europe, il était impossible de le comparer avec elle, et donc d'en suivre le modèle.

Parmi les raisons qui empêchent le Liban de suivre la voie européenne figurent, selon Fadia Kiwan, «l'environnement hostile» dans lequel évolue le Liban et la question économique «qui ne représente pas un terrain d'entente entre les Libanais tant les divisions sont fondées sur un débat de fond: quel modèle de société? ».

Pour Karam Karam, la décentralisation au profit des collectivités locales et le renforcement du rôle de la société civile pourraient permettre de sortir de la crise et de faire converger les intérêts de chacun. Il estime que, faute de projet politique au sortir de la guerre, «le Liban se caractérise aujourd'hui par sa diversité sans unité alors que l'Europe est unie dans sa diversité».

Le 50e anniversaire du traité de Rome a également été l'occasion pour la délégation de publier un supplément dans trois quotidiens le lundi 26 mars: Al-Akhbar (arabophone), le Daily Star et l'Orient- Le Jour.